Autobiographie de Georges Bugnet

À condition, je suppose, que vous priiez: “Que ta volonté soit faite” et que tu essayes d’écouter assez souvent et de répondre sincèrement à ta conscience, la vie, comme un arbre de Noël, s’enflamme et se remplit de merveilles de toutes formes et de toutes couleurs . La mienne ne fait pas exception: si, quand j’avais vingt et un ans et que j’étais électeur, je l’avais vraiment dit à mon avenir, je l’aurais bien ri. Cela aurait semblé trop incroyable.
Claude Bugnet, mon père, est issu d’une longue lignée de petits agriculteurs du pays, non loin de la frontière suisse, mais a choisi de vivre dans des villes vendant du bon vin de Bourgogne aux grandes entreprises de plus de la moitié de la France. Ici, je peux faire remarquer que les ivrognes sont rares dans les pays où le vin est pris au repas. Il suivait toujours son métier à l’âge de 88 ans, démissionnant finalement et mourant à 89 ans.
Amiens, en Picardie était le lieu de naissance de ma mère. Elle venait de gens de la classe moyenne. Pour autant que je sache, elle vit toujours. Les dernières et dernières nouvelles que nous avons reçues de France depuis 1940 affirmaient qu’elle était en bonne santé. Cette lettre a été envoyée à Toulon juste avant que les Allemands l’occupent.
En abordant des aventures personnelles, mon premier regard sur notre poussière qui tourbillonnait parmi les étoiles, que nous appelons notre terre et que nous trouvons assez grande, était dans une ville, Châlon-sur-Saône, en Bourgogne, où, selon ces longs Actes de naissance français, je suis né en février 1879. J’ai été éduqué principalement à la maison, je crois: mes parents donnent un bon exemple de la vie véritablement humaine, c’est-à-dire que les valeurs morales ont la priorité sur les valeurs matérielles, en ajoutant aussi la substance spirituelle parce qu’elles étaient chrétiens , de la foi catholique. En ce qui concerne l’enseignement, j’ai fréquenté, entre 4 et 20 ans, une demi-douzaine d’écoles et de collèges, en plus de la dégustation, à 20 ans, d’une année de service militaire. Ensuite, je suis entré à l’Université de Dijon où, après avoir obtenu un B.A. diplôme je voulais le faire passer à un M.A. Pendant quelques années, je l’ai gardé, transférant mon cours à la Sorbonne à Paris et enfin à l’Université de Lyon. A cette époque, mon ambition était de devenir professeur d’université.
Une autre ambition était en moi et celle-ci n’a pas été contrecarrée. Au début de 1904, après trois ans de cour, et après avoir enfin obtenu un poste solide et bien rémunéré au poste de rédacteur en chef d’un journal, je me suis marié, devenant ainsi un «nous».
Peu après, de merveilleuses nouvelles nous sont parvenues. Selon la littérature publiée officiellement par le gouvernement du Canada, les régions du nord-ouest de l’Amérique étaient le nouvel Eden en attente de l’humanité. Il y avait des faits authentiques, des chiffres et des photographies. Ils semblaient prouver de manière concluante qu’avec de la chance ordinaire, on pouvait gagner environ 25 000 dollars en cinq ou dix ans au maximum, et avec un peu de chance, jusqu’à 50 000 dollars. Bien; une fois que ces 25 000 dollars ont été capturés et rapportés en France, ils représentaient 100 000 francs. Pendant quelques mois, nous avons débattu du pour et du contre, décidant finalement de l’essayer.
L’aube de 1905 nous a rayonné à Saint = Boniface, au Manitoba, et comme il faisait froid! Nous avons ensuite découvert un premier défaut dans ce que nous pensions être des plans soigneusement préparés. Le gouvernement fédéral n’a pas oublié de souligner, dans les brochures envoyées en France, que le Canada est un pays bilingue où le français et l’anglais sont les deux langues officielles. De plus, un grand nombre de Canadiens francophones s’établissent dans l’Ouest. Nous avons vite découvert que le français n’était pas du tout officiel dans la plupart des fermes manitobaines. Nous avons pensé qu’il valait mieux aller chez un propriétaire francophone pour acquérir cette connaissance pratique de l’agriculture dont nous ignorions lamentablement. Nous sommes donc allés à Letellier, sur une ferme de 500 acres.
Voici un souvenir amusant. Un jour, un veau de six mois s’étant échappé dans les pâturages, j’ai saisi une corde et je me suis mis à la poursuite, pour le plus grand plaisir de ma femme. C’était une sorte de marathon, à toute vitesse, à environ 30 milles à l’heure, jusqu’à ce que le mollet tout épuisé – et moi aussi – m’ait permis de passer la corde par-dessus sa tête. Puis j’ai entendu la voix du fermier criant: «Laisse le veau tranquille!». J’avais du mal à en croire mes oreilles. Mais il se tenait vraiment là-bas et répétait le même ordre. Ensuite, je l’ai vu entrer dans la grange et sortir en conduisant la mère vache qui a immédiatement laissé échapper un grand beuglement. Le veau m’a laissé la rejoindre, alors que je me sentais parfaitement idiote et que je transpirais de partout.
Au début de l’automne prochain, apprenant que l’Alberta n’était ni si froide en hiver ni aussi chaude en été, nous avons fait un autre saut en atterrissant à St. Albert, après Edmonton. Les gens parlaient du pays Peace River. Une ligne de chemin de fer devrait y aller un jour. Nous avons examiné une carte.
Tout à fait ignorants des voies de construction des chemins de fer en Occident, nous avons pris pour acquis que comme en Europe, même pour percer des trous à travers des montagnes, ils étaient tenus de suivre la ligne la plus directe. En conséquence, je suis parti à la recherche d’un bon quart de terrain situé sur ou à proximité du chemin de fer prévu et pas trop loin des francophones. Après des jours d’itinérance, j’atteignis une magnifique région sauvage.